Lundi 24 septembre 2018
dialogue avec Pascal Ory
Trente-et-unième Dîner du 31
Où : L’adresse sera précisée une semaine avant le dîner
Tarif : 65 €
Mona Sohier est née en 1931 dans le Finistère, fille de deux instituteurs publics convertis à la cause bretonne. Dans son grand livre autobiographique, Composition française (Gallimard, 2009), elle est revenue sur cette ambiance très particulière, dominée par les figures tutélaires de sa mère et de sa grand-mère. Brillant sujet, elle entre à l’École Normale Supérieure de Sèvres en 1952. Agrégée de philosophie, elle s’oriente vers l’histoire dont son mari, Jacques Ozouf, est une des étoiles montantes dans les années 60 et 70. Elle-même se fait reconnaître par un livre fondateur sur La Fête révolutionnaire (Gallimard, 1976). Elle est désormais une voix écoutée parmi les historiens et au-delà - elle sera pendant de nombreuses années une collaboratrice régulière du Nouvel Observateur. Aux côtés de François Furet elle participe au grand débat autour de la Révolution française (L’Homme régénéré : essai sur la Révolution française, Gallimard, 1989). Depuis plusieurs années elle a tourné son intérêt vers la question de la place de la littérature dans la société (La Cause des livres, Gallimard, 2011) et vers celle d’une « singularité française » en ce qui concerne le rôle accordé aux femmes dans ce pays (Les mots des femmes : essai sur la singularité française, Fayard, 1995). En hommage à son mari, elle a publié en 2001 Le Langage blessé : reparler après un accident cérébral, Albin Michel.
Sans doute, de la pléiade de nos grands historiens contemporains, Mona Ozouf est-elle la plus discrète. Son oeuvre est pourtant de taille. Dans son massif, on distingue, d'abord, les travaux sur la Révolution française. Ils furent conduits de concert avec son mari, Jacques Ozouf, et leur ami, François Furet. C'est dire qu'ils suscitèrent les débats et les combats que la Révolution n'a, de toute façon, jamais cessé de nourrir. Elle y prit sa part, avec réserve, mais détermination. De l'intérêt passionné pour la Révolution à l'intérêt vif pour la République, il n'y avait qu'un pas, qui fut franchi. Pur produit de l'élitisme républicain, bonne élève, normalienne, agrégée, elle a pour la République réelle, celle jacobine, la reconnaissance des boursiers. Mais sa République de coeur, celle qui aurait pu faire une France forte de son unité et riche de ses diversités, est girondine. Attachée aux combats pour l'émancipation des femmes, brillante historienne de leur littérature, elle se garde de confondre la cause des femmes avec la guerre des sexes. Historienne qui sait écrire, cette jolie femme menue est une grande dame, Marc Riglet. L’Express, novembre 2011